Dimanche

15 décembre 2023 § Poster un commentaire

Premier Octobre

Je trouve qu’un premier octobre est une date propice aux commencements. La nature nous invite pourtant à ralentir, et je ne cesse de vouloir accélérer la cadence.

Le petit est parti faire du vélo, avec son père. J’entends quelques oiseaux piailler sous l’arbre qui regarde ma fenêtre. Je tourne la tête un instant puis reviens à mon écran. Je ne peux m’empêcher de penser à ces vertiges qui sans cesse occupent toutes mes pensées. Je les mets sur le compte de l’anxiété, qui commence à avoir une grosse dette envers moi. Mais il y a une petite voix qui ne peut s’empêcher de chercher ailleurs, une autre cause, quelque chose de moins abstrait que le stress.

Quelque part, je crois que je suis née ainsi, que j’ai grandit ainsi et que je continuerai d’évoluer ainsi : avec une sensibilité au stress (et à toute autre émotion) peut-être un peu plus grande que ce qu’on appelle la « normalité ». Je sais, parfois c’est une grande qualité, parfois ma sensibilité est artiste mais d’autres fois, c’est un handicap sans nom.

Vendredi

18 août 2023 § Poster un commentaire

Dix-Huit août

Sept heures et cinquante quatre minutes. Il est bientôt l’heure de partir au travail. J’ai enfilé des sous vêtements noirs et je me suis installée sur le petit bureau. C’est drôle car c’est lorsque je suis au plus mal que je m’autorise à imposer certaines exigences, à moi-même et aux autres.

Je suis terrifiée par le temps qui s’écoule tel un filet d’eau qui nous glisse entre les doigts. Ne peut-on jamais l’attraper un peu ? Et le garder précieusement dans une petite boîte pour le distribuer quand cela nous chante. Je me répète que, justement, puisque j’ai conscience de ce temps qui court tout droit là où tu sais – je devrais profiter pleinement de chaque minute qui passe. Mais je suis obnubilée par cette notion. Le vieillissement. Finalement, peut-être n’est ce pas le temps qui m’effraie mais plutôt l’impact qu’il a sur nous. Nous vieillissons, inéluctablement. Le corps s’épuise, se rouille un peu, les gens que nous aimons passent et trépassent, l’hiver revient toujours. Mes grands-parents s’approchent d’une sortie où on ne pourra plus les accompagner, où tout ce qu’il existe de ces deux grandes personnes disparaîtra, ne laissant qu’une trainée de souvenirs à l’intérieur de nous.

J’ai peur de la mort. Elle est si intense et mystérieuse. On ne peut pas la toucher, on ne peut pas la saisir et la disséquer. Elle est ce qu’il y a de plus impénétrable dans la vie. Elle me terrorise. Je ne cesse de calculer, qui (potentiellement) a déjà vécu au moins la moitié de sa vie. Mes parents en font partie. Mais pire : peut-être même que Lui s’approche dangereusement de cette moitié.

La folie me terrorise aussi : perdre le contrôle de ce véhicule qui me permet tant de choses. Perdre le fil de mes pensées, le contrôle de mon cerveau et ne pouvoir rien y faire. Ah ! Je crois finalement que ce qui me terrorise le plus sont ces choses auxquelles on y peut rien. Elles sont nombreuses. Mais dans le fond je crois que ça fait ‘partie du jeu’, non ?

Jeudi

2 août 2023 § Poster un commentaire

Trois août

Je ne sais plus par quels mots je souhaitais commencer ce paragraphe, la fatigue semble s’éprendre de mes paupières et embrumer mon cerveau. Je suis fatiguée et pourtant je ne sais plus dormir.

Ces derniers mois ont vu défiler les prises de consciences et autres traumas à consoler et lorsque je relis quelques uns des articles de ces huit dernières années, je me demande comment j’ai fait pour ne me rendre compte de rien jusque là. Tout semble s’assembler petit à petit tel un puzzle que je construis mais qui s’agrandit à chaque fois que je termine un côté.

Il fait nuit. Seule la petite lumière de la cuisine abrite les ombres de la maison. Je me demande pourquoi mes mots sont bloqués, quelque part dans le fond de ma gorge. Je ne sais plus écrire. Je ne sais pas si c’est quelque chose qui peut s’évanouir un jour ou si notre âme porte l’odeur de ce don pour toujours.

Jeudi

13 avril 2023 § Poster un commentaire

Treize avril

Pourquoi est-ce si dur de coucher sur le papier chacune de mes pensées ? Mes doigts pianotent quelques mots puis, inévitablement, s’attardent sur la touche « retour arrière ». J’efface et je laisse les lignes blanches me rappeler mon désarroi face à ce silence. J’ai pourtant essayé d’hurler, étalant ma peine sur la table, la servant à toutes les sauces, espérant que quelqu’un la saigne. J’ai tenté de lui faire une place à l’intérieur, qu’elle s’installe confortablement pour que nous puissions déambuler vers le soleil couchant, main dans la main. Mais rien n’y fait : dehors ou dedans elle cogne si fort que je ne m’entends plus. Et plus personne ne m’entend.

Les pensées se font nombreuses et jamais ne s’arrêtent de flotter. Je ne sais plus si il s’agit de peine ou de colère ou d’un mélange amer des ces deux entités. Elles deviennent des amies que je n’ai jamais demandé et m’accompagne toujours malgré toutes ces années. Si je me relis, je ne vois que mélancolie bordée d’un peu de poésie , la « mélancoésie». Cet état fameux où il est, étrangement, plus aisé de créer.

Mercredi

1 mars 2023 § Poster un commentaire

Premier mars

Parfois, il suffit de peu. Quelques livres, un paragraphe qui frappe, comme une claque qu’on recevrait sur le coin de l’esprit, là où la lumière passe encore. Parfois, il suffit de peu, plusieurs petites bribes qui s’immiscent de ci, de là. Une phrase attrapée à la volée qui s’entiche de nos pensées. Elle reste là, malgré le brouhaha ambiant, malgré le vacarme du monde, quelques mots s’accrochent et s’attachent à nous faire grandir.

Lundi

20 février 2023 § Poster un commentaire

Vingt février

Huit ans. Joyeux anniversaire « Mon Journal ». Je ne vais pas mourir, enfin pas dans l’immédiat. Je me souviens du jour où je t’ai crée, où les mots se sont alignés ensemble pour devenir des souvenirs déposés là, sur le blanc de l’écran. Je venais de parcourir les mémoires d’un homme mourant et je m’étais demandé pourquoi s’écrire uniquement lorsque la fin approche / est proche ? Pourquoi ne pas tatouer les mots sur la toile quand on se sent plus vivant que jamais ? Même si, dans le fond, c’est prétentieux d’assurer que je ne vais pas mourir sans savoir de quoi sera faite la seconde suivante. Peut-être n’aurais-je même pas le temps de finir cet article ou peut-être pourrais-je encore en écrire des milliers, pendant les huit prochaines années.

J’écrivais à V ce matin. Pour lui dire que je vais mal et que c’est sûrement la première fois que je vais aussi mal. Mais j’ai l’impression d’avoir déjà dit ça un million de fois. Cette fois, des symptômes physiques viennent traduire mon mal-être, celui que je repousse. Dans le fond, j’espère secrètement que ces symptômes sont bien psychologiques et qu’ils ne sont pas la conséquence d’autre chose – d’incontrôlable.

Enfin, pour l’instant, ma dépression n’est pas plus contrôlable qu’un vulgaire cancer qui prend toute la place dans mon quotidien. C’est la première fois que j’utilise cette expression : « ma dépression ». Habituellement, je parle de petite déprime, d’un peu de tristesse, d’un léger mal-être. Pourtant elle est tout le contraire : elle est énorme, affreuse, elle est grande peine et terrible colère, elle est un amas d’émotions et de souvenirs qui ne savent pas cohabiter.

Alors je serre les mâchoires, je hausse les épaules. J’ai des maux de tête incessants, les trapèzes raidis, la tête s’embrouille, les oreilles tambourinent. Un nouveau symptôme apparait régulièrement, parce que je n’écoute pas. Je prends rendez-vous chez l’ORL, chez l’ostéopathe, j’ai même une IRM à faire (des cervicales) et puis je dois aller chez une magnétiseuse, ce que je n’assume pas – étant plutôt une adepte de ce qui se prouve et se voit.

Mais dans le fond c’est l’âme qui a besoin de guérir et l’esprit qui est épuisé. Y a-t-il des médecins de l’âme et des cœurs brisés ?

Vingt Février. Huit ans de ce journal d’une femme qui ne va pas mourir. Et encore beaucoup de bordel émotionnel.

Mardi

17 janvier 2023 § Poster un commentaire

Dix-sept janvier

Il neige. Avec vingt-trois jours de retard : la neige n’est-elle pas celle qui apporte chaleur et ambiance à Noël ? Aujourd’hui je la trouve plutôt paralysante. Je me sens figée par le froid. C’est comme ça que j’imagine l’angoisse : glacial et étouffante. Je n’aime pas dire mon angoisse : elle est tout sauf à moi et je lui appartiens plus qu’elle ne m’appartient.

Mardi

10 janvier 2023 § Poster un commentaire

Dix janvier

J’avais envie de commencer par « Cher miroir » mais que dire ? J’y ai songé toute la journée puis j’ai longuement regardé mon reflet pour y trouver des réponses. Peut-être attendais-je un peu trop de sa part puisqu’il resta silencieux, me fixant sans relâche, interrogeant mon regard. Qui suis-je lorsque je ne suis pas celle du miroir ?

Samedi

13 mars 2021 § 1 commentaire

Treize Mars

« Journal d’une femme qui ne va pas mourir » ; ou presque pas. Presque jamais. Je m’aperçois que la femme qui écrivait ces mots en deux-mille-quinze est sûrement morte, un peu. Les miettes de nous se dispersent à travers le temps et nos âmes s’y étirent lentement. Je ne vais probablement pas mourir. Quoique, c’est un peu l’impression que j’ai lorsque les silences d’amour m’assoment. Qu’y a-t-il de plus bruyant ? Qu’y a-t-il de plus fracassant qu’un silence d’amour ?

(3) Et puis, le silence

2 Mai 2020 § Poster un commentaire

TES YEUX OCEAN (3) – Et puis, le silence

Allongée sur le lit de toutes ces émotions, j’avais très froid. Froid de son silence, de l’absence qu’il m’imposait comme je l’avais fait maintes fois déjà. Je me languissais de ses mots, comme une drogue dont il m’aurait privé. Mes souvenirs étaient ma seule échappatoire. Plonger encore et encore dans ma mémoire pour y retrouver une empreinte de lui, fade et tristement insipide, mais de lui quand même. Les fragments de nos adolescences me fuyaient à mesure que le temps m’en éloignait, j’éprouvais donc des difficultés à me remémorer l’odeur de nos propos. Cependant, j’arrivai sans mal à me rappeler cette période sombre de ma vie dans laquelle il fut ma seule et unique lumière. Entichée d’un homme aux airs rudes et sévères, duquel je ne m’étais pas méfiée, ma vie se balançait à la fréquence de ses coups. Tantôt des coups au corps, tantôt des coups à l’âme, il ne restait plus rien de mon pétillant sourire. La seule lueur que j’apercevais encore était celle de ses yeux océan, qui m’appelaient, à des kilomètres de moi. A peine majeure et déjà brisée, seuls ses mots ne m’ont jamais abandonné.

(2) Ton souvenir

(1) Les lettres