Vendredi

18 août 2023 § Poster un commentaire

Dix-Huit août

Sept heures et cinquante quatre minutes. Il est bientôt l’heure de partir au travail. J’ai enfilé des sous vêtements noirs et je me suis installée sur le petit bureau. C’est drôle car c’est lorsque je suis au plus mal que je m’autorise à imposer certaines exigences, à moi-même et aux autres.

Je suis terrifiée par le temps qui s’écoule tel un filet d’eau qui nous glisse entre les doigts. Ne peut-on jamais l’attraper un peu ? Et le garder précieusement dans une petite boîte pour le distribuer quand cela nous chante. Je me répète que, justement, puisque j’ai conscience de ce temps qui court tout droit là où tu sais – je devrais profiter pleinement de chaque minute qui passe. Mais je suis obnubilée par cette notion. Le vieillissement. Finalement, peut-être n’est ce pas le temps qui m’effraie mais plutôt l’impact qu’il a sur nous. Nous vieillissons, inéluctablement. Le corps s’épuise, se rouille un peu, les gens que nous aimons passent et trépassent, l’hiver revient toujours. Mes grands-parents s’approchent d’une sortie où on ne pourra plus les accompagner, où tout ce qu’il existe de ces deux grandes personnes disparaîtra, ne laissant qu’une trainée de souvenirs à l’intérieur de nous.

J’ai peur de la mort. Elle est si intense et mystérieuse. On ne peut pas la toucher, on ne peut pas la saisir et la disséquer. Elle est ce qu’il y a de plus impénétrable dans la vie. Elle me terrorise. Je ne cesse de calculer, qui (potentiellement) a déjà vécu au moins la moitié de sa vie. Mes parents en font partie. Mais pire : peut-être même que Lui s’approche dangereusement de cette moitié.

La folie me terrorise aussi : perdre le contrôle de ce véhicule qui me permet tant de choses. Perdre le fil de mes pensées, le contrôle de mon cerveau et ne pouvoir rien y faire. Ah ! Je crois finalement que ce qui me terrorise le plus sont ces choses auxquelles on y peut rien. Elles sont nombreuses. Mais dans le fond je crois que ça fait ‘partie du jeu’, non ?

Jeudi

2 août 2023 § Poster un commentaire

Trois août

Je ne sais plus par quels mots je souhaitais commencer ce paragraphe, la fatigue semble s’éprendre de mes paupières et embrumer mon cerveau. Je suis fatiguée et pourtant je ne sais plus dormir.

Ces derniers mois ont vu défiler les prises de consciences et autres traumas à consoler et lorsque je relis quelques uns des articles de ces huit dernières années, je me demande comment j’ai fait pour ne me rendre compte de rien jusque là. Tout semble s’assembler petit à petit tel un puzzle que je construis mais qui s’agrandit à chaque fois que je termine un côté.

Il fait nuit. Seule la petite lumière de la cuisine abrite les ombres de la maison. Je me demande pourquoi mes mots sont bloqués, quelque part dans le fond de ma gorge. Je ne sais plus écrire. Je ne sais pas si c’est quelque chose qui peut s’évanouir un jour ou si notre âme porte l’odeur de ce don pour toujours.

Où suis-je ?

Vous consultez les archives de août, 2023 à Journal d'une femme qui ne va pas mourir.