Vendredi

18 août 2023 § Poster un commentaire

Dix-Huit août

Sept heures et cinquante quatre minutes. Il est bientôt l’heure de partir au travail. J’ai enfilé des sous vêtements noirs et je me suis installée sur le petit bureau. C’est drôle car c’est lorsque je suis au plus mal que je m’autorise à imposer certaines exigences, à moi-même et aux autres.

Je suis terrifiée par le temps qui s’écoule tel un filet d’eau qui nous glisse entre les doigts. Ne peut-on jamais l’attraper un peu ? Et le garder précieusement dans une petite boîte pour le distribuer quand cela nous chante. Je me répète que, justement, puisque j’ai conscience de ce temps qui court tout droit là où tu sais – je devrais profiter pleinement de chaque minute qui passe. Mais je suis obnubilée par cette notion. Le vieillissement. Finalement, peut-être n’est ce pas le temps qui m’effraie mais plutôt l’impact qu’il a sur nous. Nous vieillissons, inéluctablement. Le corps s’épuise, se rouille un peu, les gens que nous aimons passent et trépassent, l’hiver revient toujours. Mes grands-parents s’approchent d’une sortie où on ne pourra plus les accompagner, où tout ce qu’il existe de ces deux grandes personnes disparaîtra, ne laissant qu’une trainée de souvenirs à l’intérieur de nous.

J’ai peur de la mort. Elle est si intense et mystérieuse. On ne peut pas la toucher, on ne peut pas la saisir et la disséquer. Elle est ce qu’il y a de plus impénétrable dans la vie. Elle me terrorise. Je ne cesse de calculer, qui (potentiellement) a déjà vécu au moins la moitié de sa vie. Mes parents en font partie. Mais pire : peut-être même que Lui s’approche dangereusement de cette moitié.

La folie me terrorise aussi : perdre le contrôle de ce véhicule qui me permet tant de choses. Perdre le fil de mes pensées, le contrôle de mon cerveau et ne pouvoir rien y faire. Ah ! Je crois finalement que ce qui me terrorise le plus sont ces choses auxquelles on y peut rien. Elles sont nombreuses. Mais dans le fond je crois que ça fait ‘partie du jeu’, non ?

Au commencement (1)

14 février 2018 § Poster un commentaire

Voici mon histoire.

Avril 2017.

Tout à basculé. J’ai basculé.

Je fais le test une première fois. Nous rentrons d’un week-end en amoureux au bord du lac de constance. Je sais que quelque chose a changé, j’en suis persuadée. Instinct animal, mon regard reste pendu sur ce petit bout de plastique, oubliant un instant que j’occupe les toilettes d’Auchan. Aucun trait n’apparait. Je regarde la notice alors que je la connais déjà très bien : le test n’a pas fonctionné. Je retourne à la voiture, pose mes mains sur le volant et prend une profonde inspiration. Est ce un signe du destin ? Je réessayerai demain.

Le lendemain, je profite de la pause déjeuner pour acheter un nouveau test mais cette fois je décide de le cacher au fond du sac et de le garder pour le lendemain matin puisqu’ils conseillent d’attendre les premières urines. Je n’en parle, évidemment, à personne.

Ce n’est pas la première fois depuis que nous sommes ensemble que j’ai ce genre de pratique. J’ai déjà eu peur, j’ai déjà fait des tests sur des bouts de plastique. Je connais cette angoisse, celle qu’un deuxième trait apparaisse. Et en même temps , à chaque fois que la case restait vide, absence de trait, j’éprouvais un léger pincement au coeur. Petit déception.

Le moment est arrivé. Il est 6h du matin. J’ai très peu dormi cette nuit , mes pensées se laissaient aller à des suppositions inquiétantes. Je m’enferme dans les toilettes et déballe le second test. J’attend le nombre de minutes préconisées. Je reste assise sur les toilettes, évitant à tout prix de regarder le résultat. Quand le temps me paraît être écoulé , je pose mes yeux sur ce bout de plastique au capuchon violet. Il est là. Mon cœur s’arrête ou s’emballe, je ne fais plus la différence. Il est là, le deuxième trait. Il est apparu.

Dimanche

11 mars 2017 § 1 commentaire

J’ai comme une absence. 

Quelque chose comme de l’inconscience.

Et pourtant, je n’avance. 

Je sauve juste les apparences.  

Lundi

28 novembre 2016 § 5 Commentaires

Vingt-huit novembre

Hier soir.

Allongée sur mon moelleux matelas, je méditais. Enfin, mes pensées valsaient. J’ai glissé les écouteurs aux portes de mes oreilles et mes pensées se sont mises à danser.  Jusqu’à ce que, oh misère.  Cet air ne te rappelle-t-il rien ? Me dis-je. Bien sûr, que je me souviens. Il faisait noir et froid, tellement froid. La dernière fois que cette complainte se fonda en mes tympans, j’étais avec le pervers narcissique. Allongée sur un moelleux matelas, à vomir mes tripes.

J’arrache les écouteurs. Non, je ne veux plus y penser. Je tremble. Ce sentiment, j’ai peur. Alors j’attise la lumière et tente de reprendre mes esprits. « Tu vas bien, enfin, je vais bien ». J’essaye de m’en persuader mais je grelotte encore. Je tombe de ce moelleux matelas, le sol est froid. Vite, de la chaleur. J’ouvre brusquement la porte de notre chambre. Il est assis juste là, Lui. Ce n’est pas le pervers narcissique. Alors je m’allonge sur le canapé, du côté du feu. J’installe ma tête sur ses genoux, il me concède quelques caresses et me laisse fermer les yeux, sans poser de question. Il est là et il m’est impossible d’écrire à quel point il me fait du bien.

Jeudi

24 novembre 2016 § 5 Commentaires

Vingt-quatre novembre

Encore hier, je disais à la voisine : il ne faut pas avoir peur. Tu sais, le célèbre précepte, eh bien il dit : la peur n’évite pas le danger.  Elle me répondit que de toute façon, elle préférait trépasser au petit matin plutôt qu’exister dans la crainte. Alors je réfléchis. Je commence à comprendre qu’il n’y a pas de réponse ni de vérité. Mais la peur m’a parfois évité des dangers, instinct animal qui remplace l’anxiété par la prudence. N’est-ce pas alors de la pudeur ? A-t-on créé des peurs ?

Je connais la peur. Plusieurs de ses visages. Et à chaque visite, elle me semble douloureuse. Saumâtre souffle qui m’insuffle des tremblotements paralysants. Je ne tiens pas à être ankylosée sous le poids de la peur, j’ai cette impression qu’elle ne m’apporte pas grand-chose. Et pourtant, au fil de la discussion (et je ne l’ai pas dit), j’ai compris que cet instinct me sauva de bien des dangers mais qu’il me poussa dans bien des pièges, aussi.

Mardi

15 décembre 2015 § 3 Commentaires

Quinze décembre

Un rêve. Et encore la déloyauté, la brûlure, le tourment. Ces sentiments qui me terrorisent. Ils m’émeuvent si souvent, s’éprennent de mon corps et font taper mon cœur si fort. J’ai peur de les ressentir à nouveau, ils font si mal. Perdue, encore. Abîmée, endommagée, égarée. J’avance hors-piste. Je prends des risques. Et je me sens vivante. Je ne sais pas où je vais, je sais plus très bien d’où je viens, parfois j’ai mal, mes cicatrices me font souffrir, parfois j’ai peur, parfois j’ai froid. Et l’ironie, oh quelle ironie : je vis. Je vis vraiment, entièrement, complètement. Et ça fait mal de vivre, un mal de chien.

Mercredi

23 juillet 2015 § 2 Commentaires

Vingt-deux juillet

De ma douce voix, j’ébrèche la mélodie de l’espoir. Parfois, le passé m’impressionne. Ou plutôt, notre propension à vivre autant en si peu de temps. Je dresse le curriculum vitae de mes tourments et la liste s’allonge dangereusement. Je peine à m’affranchir de cette désolation qui me rappelle assidûment à quel point nous sommes humains. Je perçois un malaise incertain mais sûrement émane-t-il de mon propre esprit. Je finis par croire que j’engendre mes propres désespoirs, mes propres peurs.

J’ai passé la journée à me tordre de douleur tantôt pour une de mes dents qui a décidé de me faire souffrir, tantôt pour les questions auxquelles je n’ai pas de réponse.

Ah ! Et puis j’ai consulté mon compte bancaire, en ligne. Ma raison s’est mise en alerte : j’ai enfanté un découvert astronomique.

Lorsque toute ma concentration se dirige vers mon bien-être intérieur, le quotidien finit toujours par me rattraper, dégorgeant ses problèmes à mes pieds.

Mardi

22 juillet 2015 § 10 Commentaires

Vingt-et-un juillet

Je lui aie écrit une lettre, hier soir. A cœur ouvert, parsemé de mots doux aussi sincères que les sentiments qui me traversaient à cet instant-là. Je lui aie fait part de quelques-unes de mes peurs, tentant de les expliquer au mieux. Je n’ai pas tout dit, seulement ce qui avait besoin d’émerger. Les mots se sont échappés au beau milieu de la cuisine et je sais qu’il les attrapera ce matin, aux alentours de six heures.

Mes journées de travail commencent à être lassantes et monotones. Je quitte cette entreprise dans une semaine et deux jours, il me tarde d’être à cette date pour enfin tourner cette page.

Mon avenir ne m’attend pas, il ne m’a rien promis de particulier. Je construis mes jours d’après, de pavés en pavés, j’avance finement.

J’ai encore eu peur, ce matin. D’être trahie, d’être abîmée, à nouveau. J’ai eu peur qu’il soit infidèle. Pourtant, il ne m’en donne aucune raison. Peut-être me qualifiera-t-on de « vieux jeu », aux vues des nouveaux concepts qu’offre l’adultère de nos jours. Pour moi, il s’agit d’une blessante trahison et d’un manque de respect total. L’infidélité n’est autre que la pierre tombale du couple et de l’amour pur et sincère. D’autres envisage cet acte différemment, prétendant séparer sentiments et sexualité. Moi, lorsque je suis dévouée à un homme, j’estime qu’il a le droit à l’exclusivité sentimentale et sexuelle. Avoir des activités sexuelles avec une personne pour laquelle nous n’éprouvons rien, oui, lorsque nous ne sommes pas en couple. Quoique, je n’en ai jamais fait l’expérience, persuadée que les sentiments jouent un rôle important dans l’atteinte de l’orgasme mais passons. Toucher le corps d’une autre personne, l’embrasser, le caresser, le pénétrer alors que nous ne sommes pas libre, ça me donne des frissons, ça me répugne, ça me dérange. Car lorsque nous sommes amoureux, seule la personne qui reçoit cet amour devrait être importante à nos yeux, sentimentalement, sexuellement, sportivement, peu importe. Lorsque nous nous mettons en couple, certes nous continuons d’être libres, certes nous continuons d’être humains mais nous ne devrions pas avoir envie de partager ces moments d’intimité avec une autre personne. Je suis consciente d’être dure face à ce sujet mais je n’arrive vraiment pas à accepter cette pratique. Et si un jour j’étais trahie de cette façon, je ne pardonnerais pas.

Encore une histoire de peur.

Finalement, la peur est un sentiment universel qui existe chez toutes les espèces. Les animaux s’en servent pour survivre, d’ailleurs dans ce cadre la peur s’appellerait plus « Instinct de survie ». L’esprit de l’Homme a détourné le rôle de la peur et celle-ci est devenue notre bourreau. Nous lui accordons trop d’importance. La peur est une étoile qui explose au contact de l’Homme. Il faut apprendre à ne pas l’approcher de trop près.

Ma prison #3

4 juin 2015 § Poster un commentaire

Assieds-toi, mon amour. Il faut que je te raconte encore. Tu étais sûrement heureux, ce jour-là. Peut-être avais-tu mis les étoiles dans tes yeux, l’éternité dans ton cœur. Moi je ne l’ai jamais trouvé, pas avant toi. Avant toi, il y avait ces jours où le soleil ne daignait se lever. Tu te souviens, je t’en ai parlé, de lui. J’ai mis un nom sur son personnage, sur le rôle qu’il tient. Pervers narcissique. C’est son pseudonyme mais ma souffrance n’a pas de nom. Je rentrais, simplement. Je pensais rentrer chez moi et y être en sécurité. Finalement, j’étais plus en sécurité partout ailleurs, dans le monde entier. Il me répétait, de sa voix venimeuse, que j’étais sale. La saleté devait certainement le déstabiliser, il fallait la contrôler. Tu vois, il n’aimait pas perdre le contrôle. Lorsque les secondes lui échappaient, il devenait fou. Il a pris mon visage, ce visage qui a abrité tellement d’émotions. Il l’a pris entre ses deux mains et non. Non je n’étais pas en sécurité. Lorsqu’il prenait mon visage, il bousillait mon âme. Abîmée, amochée, cassée. Ses paumes sur mes joues, ce n’est plus un jeu. Il a saisi l’éponge. Et il a nettoyé mon visage, ma peau aux tâches de rousseurs, il l’a nettoyé avec l’éponge, avec le côté vert. Comme pour me décaper, comme pour me polir. Il a souillé mon corps, il l’a salit et n’a pas arrêté. Je criais. Je criais « Non », « Arrête », « Pitié », « Tu me fais mal ». Oui, tu me fais mal au fond, un mal de chien. Tu me fous en l’air. Je criais et ça le comblait.

Où suis-je ?

Entrées taguées peur sur Journal d'une femme qui ne va pas mourir.