(1) Les lettres

8 avril 2020 § 3 Commentaires

TES YEUX OCEAN – (1) Les lettres

Ce soir là, il ne m’a pas écrit. Je suis restée vide de mots, le cœur boiteux. Son silence pèse si lourd qu’il m’enterre dans les abysses de la mélancolie. L’évidence m’assoit : il est ainsi capable de broyer mon âme aussi bien qu’il sait la choyer.

J’ai alors décidé de le rejoindre autrement. A tout prix.

L’escalier en bois qui conduisait au grenier claquait sous chacune de mes enjambées. Arrivée à mi-hauteur, je pouvais déjà distinguer le bric-à-brac qui occupait l’espace, ne laissant aucun interstice. Six ans de ma vie, éparpillées juste là, sous ces poutres de bois peuplées de viles araignées. D’ici, je pouvais percevoir mes anciens cahiers d’école, qui dépassaient accidentellement de leur carton. La boîte que je cherchais se trouvait dans la petite commode en bois de noyer, encombrée par une poussette, un vieux coffre à jouet et quelques biberons abandonnés là. Pour l’atteindre, il me fallait également franchir un tas d’habits de bébé, de vieux ours en peluche et d’anciens souliers fanés ; écume d’une vie passée. J’ouvrai prudemment le tiroir du milieu et découvrit alors l’objet tant convoité : une boîte blanche et rouge, avec pour seule et unique épigraphe : « Instant Gourmand ». Cette dernière se laissa volontiers portée par la poignée en carton qui dominait son poitrail.

Evidemment, il me fallait m’asseoir avant de l’ouvrir. Je savais ce qu’elle contenait : un flot d’émotions, qui ne tarderaient pas à envahir mon visage ; un amas de souvenirs, prêt à coloniser mes entrailles, et un tas sourires apaisants. A l’intérieur se trouvaient quelques photos abîmées et une autre petite boite, toute blanche immaculée. Celle-ci portait à son tour, une seule inscription : « Pralinés du confiseur ». Décidemment, je me demandais si je n’allais pas finalement y découvrir de vieux chocolats avariés. Je l’ouvrai enfin, avec pour seule certitude la lenteur dont je m’efforçai de faire preuve. Elles étaient disposées là, toutes intactes et contenaient le manuscrit de mes amies, de mes amours, de mes regrets. Les mots avaient traversé le temps sur le dos de ces lettres. La plus vieille datait de 2004 et était la première lettre d’une très longue série, dont l’expéditrice s’avéra être ma plus belle histoire d’amitié. Mes mains ne purent s’empêcher de frémir, à la lecture de cette histoire, mon passé. Mon cœur se paralysa lorsque je retrouvai ses mots que j’avais tellement désirés. Je suivais du bout des doigts chacune de ses lettres, comme pour effleurer sa peau. Son écriture était concise et laconique et je m’attardais sur chaque virgule. Je savais qu’il n’aimerait pas se remémorer ces lettres. Elles faisaient état de son profond chagrin et de la mort qu’il portait dans la peau. Au milieu de sa détresse, brûlait un feu que je sentais encore : « Je te veux pour moi ». Il me demandait de lui faire goûter la vie, lui qui jusqu’alors ne connaissait que son parfait opposé.

Jeudi

2 avril 2020 § 2 Commentaires

Deux Avril

Ode à la jeunesse d’aujourd’hui, celle qui aime faire de la poésie.

A toi, jeunesse, qui like l’amour du bout d’un clavier

Sans connaître le bruit d’un crayon sur le papier.

La passion ne devrait pas ressembler à un « j’aime » sur une publication

Mais plutôt à un étrange phénomène qui fait perdre la raison.

Je vous entends écrire en prose

Et je lis parfois ce genre de choses :

« J’aime ton feed, c’est toi que j’need »

Laissez-moi vous dire, L’amour se laisse écrire seulement lorsqu’il a été consommé. Avant d’être poète, il faut être vivant. Il faut être aimé et être touché, il faut avoir contemplé et avoir écouté. Il faut connaître le clapotis d’un ricochet et les feux de camp à la belle étoile. Il faut avoir goûté à la vie et pas seulement à l’ordi. Allez vivre ! Vos followers ne vous apprendront rien, ni la saveur d’un baiser ni la douleur d’un coup. Allez prendre des coups : des coups de poings, des coups de reins et des coups de foudre. Ne parlez plus d’amour avant d’avoir aimer au point d’oublier Instagram. Quelle tristesse d’écrire l’amour en story sans tenter quelques allégories : L’amour est comme les quatre saisons : Au printemps, l’amour bourgeonne et en été il rayonne. L’amour meurt en Automne et en Hiver, enfin il pardonne.

Nouvelle – Tes yeux océan

31 mars 2020 § Poster un commentaire

A défaut d’écrire sur toi, à défaut de tracer des je t’aime du bout de mes doigts, à défaut de sentir tes frissons me répondre, j’écris un peu de nous, ici. Comme un petit roman, ridicule face à mes sentiments.

TES YEUX OCEAN – 1/(…)

  • Tu ne m’as pas laissé le temps. Le temps de te chérir, de tendre une main, un bras, de t’offrir l’étreinte de mon regard. T’enlacer, j’y ai si souvent songé. Serrer mon âme prés de ton cœur, te laisser t’emparer de moi. Tu ne m’as pas laissé le temps de te dire Ô combien je pense à toi sans cesse. Comme un poison qui infiltre mes veines, gravé sur ma peau, mon sang se mêle à ton prénom, rejoins-moi ! Je ne peux avoir ton corps contre le mien alors ce sera ton nom. Bon sang, pourquoi ne m’as-tu jamais laissé le temps. Le temps de plonger mes yeux océan dans ton regard si brun.

Qu’aurais-je pu répondre à ça ? Ses mots étaient posés là, comme des débris de nous. Les cendres d’un feu à peine consumé. Les questions s’emmêlent à l’intérieur. Qu’aurais-je dû répondre ? Il n’y avait aucune raison. J’étais happée par mon désir d’aimer et de l’être en retour, j’avais envie d’amour. Sans jamais me méfier de la personne à qui je donnais ce trésor. Pourquoi ne l’aie-je pas attendu ? Pourquoi étais-je déjà dans les bras d’un autre ? Après tous ces mots que nous nous étions échangés ! Tous ces regards perdus et ces je t’aime jamais entendus, toutes ces vies rêvées à deux, toutes ces promesses jamais tenues, après tous ces maux, je ne l’ai pas attendu. Mon cœur se brisait, juste là, à la commissure de ses mots à peine lus. Voilà qu’à présent, mon plus grand désir était de m’abandonner à l’intérieur de son éternelle étreinte.

Samedi

29 mars 2020 § 2 Commentaires

Vingt-huit mars

L’évidence m’assomme : En poésie, le mal-être est poète et parfois même, il serait traître.

Les mots sont âcres et déposent une empreinte amère au fond du cœur.

Et pourtant, il paraît éternellement plus facile de rédiger des larmes sur papier plutôt que les sourires. A vrai dire, que raconte un sourire ? S’érigeant d’une pommette à l’autre, il réduit les yeux et accroît la bouche. Peut-être même serait-il en mesure de grandir l’âme. Mais peu importe la tendresse qu’il laisse au fond du cœur, cette sensation est si indicible que peu d’expressions servent sa cause. Décidément, les maux se mêlent aux mots plus aisément que les plaisirs se laissent écrire. La joie n’invite guère au lyrisme sauf lorsqu’elle s’accompagne du parfait barde : l’amour. La joie d’aimer, voilà qui est agréable à conjuguer.

Vendredi

29 mars 2020 § 3 Commentaires

Vingt-sept mars

Diantre, qu’il n’est pas aisé de parler d’amour quand d’autres ont déjà évoqué le sujet un milliard de fois. Que dire de cette sensation qui serre la gorge et noue les paroles. Le gosier est enroué : il s’agit de l’amour sous sa forme rauque ; de l’attachement sous ses premiers regards et ses premiers silences. Silence de mots mais pas de gestes, les mains amorcent alors leur longue flânerie. Descendre la peau et remonter les frissons, s’attarder sur l’histoire que raconte le corps. Choyer cicatrices et autres maux et se raconter du regard à quel point la vie nous a fait défaut.

Vendredi

21 septembre 2018 § 16 Commentaires

Vingt-et-un septembre

Tu ne pourras me dire qu’on brûle encore puisque tu n’en as peut-être jamais eu la sensation. Tu me regardes me démanteler, l’air assommé devant tant de tourments. Tes mains croisées me disent « Je ne sais pas quoi faire, désolé ». Tu serais prêt à tourner le dos en attendant que je m’écrase. Tu récolteras les petits morceaux, un peu plus tard, sans vraiment savoir quoi en faire ni comment les rapiécer. Tes démons te poussent à agir de la sorte et les miens me font chavirer. Je l’ai répété 100 fois, je me sens si seule. Pourtant je t’aime. Comme la toute première fois. Je te chéris comme je l’ai écrit il y a quelques années de ça. Je t’aime exactement de la même façon, inconditionnellement.

Au commencement (3)

15 février 2018 § 2 Commentaires

« Je suis enceinte »

Le silence. Il ne dit rien durant d’interminables secondes. Je crois qu’au fond de moi j’espére un cri de joie, quelque chose comme dans les films. « c’est le plus beau cadeau du monde que d’avoir un enfant avec toi, je t’aime tellement ». Je crois que tout au fond, c’est ce que j’aimerais entendre. Bien sûr, je sais qu’il n’en sera rien.

Il commence à émettre quelques mots après avoir remis de l’ordre dans ses pensées.

« Et on fait quoi ? » Me dit-il d’un ton désemparé. Je ne répond pas, en vérité je n’ai pas la réponse.

« Tu veux le garder ? » Voilà. La voilà la question tant redoutée. Que dois-je répondre ? Et puis je ne sais même pas ce dont j’ai envie. J’ai peur et je me sens seule, avec ce nouvel être en mon intérieur. Est-ce à moi de choisir ? Je sais qu’il ne veut pas le garder. Le ton qu’il a employé ne laisse pas la place au doute. Durant ces années de vie commune, j’ai appris que nous peinons à prendre des décisions personnelles, à donner notre avis, sans essayer d’imaginer ce que l’autre souhaite entendre. Alors que veut-il entendre ? Dois-je laisser mes sentiments de côté afin que ma réponse corresponde à ses attentes ? C’est une décision trop importante. Je n’aime pas taire mes pensées.

Je répond.

« Je ne sais pas. J’en sais rien. On en discutera ce soir »

Le temps joue contre nous, il est déjà l’heure de se préparer à partir au travail. Je trouve ça injuste. Nous devrions passer la journée ensemble à discuter et à réfléchir. Comment aurons nous les idées claires après une journée de travail ? Et comment réussirons nous à nous concentrer après une telle révélation ? La journée sera longue.

Place aux doutes. Je déteste ce sentiment d’insécurité. Celui qui m’empêche d’imaginer l’avenir.

Au commencement (2)

15 février 2018 § Poster un commentaire

Palpitations.

Que dois-je penser ? Que va-t-il dire ? Il ne veut pas de deuxième trait pour le moment. Ça j’en suis sûre.

Je me rappelle, lors d’une de nos premières sorties ensemble, avant même que nous nous embrassions pour la première fois, nous avions discuté. Nous avons déjà une progéniture chacun, petit Lui, petite Moi. Nous envisagions chacun d’avoir un deuxième enfant. Sans imaginer, pour l’instant, que ce serait un petit Nous. Puis notre amour s’est installé, notre rythme de vie également. Une semaine à quatre , une semaine rien que les deux. Nous aimons ça, nous tenons à cet équilibre.

Je tente de reprendre mes esprits et de libérer les toilettes. Je n’ai guère le temps de réfléchir : je dois me préparer pour aller au travail. Lui dort encore profondément, dans ce lit qui a abrité nos ébats amoureux. Je dois lui dire. Je ne peux pas garder ça pour moi, c’est peut être à l’intérieur de mon corps mais je ne suis pas la seule concernée. Une pensée furtive surgit « et si je ne disais rien? Si je laissais le temps parler pour moi? ». Impossible.

J’entre dans notre chambre, consciente que cette révélation risque de le bousculer et de l’entraîner dans un état de panique. Je caresse son visage et le regarde dormir quelques instants. Je profite de cette accalmie puisque je sais qu’elle ne durera pas.

« Bonjour mon amour… »

Il esquisse un sourire puis se laisse happer par Morphée. Je dois insister. Je dois lui dire.

« Bonjour mon amour, j’ai quelque chose à te dire »

Sans le vouloir, ma voix à soudainement prit un ton plus plus grave. Ses yeux s’entrouvent légèrement , surpris par mes propos.

« Excuses moi de te réveiller mais il faut que je te le dise.  »

Il vient de comprendre qu’il s’agissait de quelque chose d’important. Je ne peux le ressentir mais je suis persuadée que son cœur s’accélère. Il se réveille, s’asseoit au bord du lit et me demande ce qu’il se passe.

Mes lèvres ont subitement un mal fou à émettre des sons. Je ne réalise pas encore ce que je vais réellement devoir lui dire. Il faut que je le lance, que je crève l’abcès puis j’aviserai après. Je prend une longue inspiration :

« Je suis enceinte »

Au commencement (1)

14 février 2018 § Poster un commentaire

Voici mon histoire.

Avril 2017.

Tout à basculé. J’ai basculé.

Je fais le test une première fois. Nous rentrons d’un week-end en amoureux au bord du lac de constance. Je sais que quelque chose a changé, j’en suis persuadée. Instinct animal, mon regard reste pendu sur ce petit bout de plastique, oubliant un instant que j’occupe les toilettes d’Auchan. Aucun trait n’apparait. Je regarde la notice alors que je la connais déjà très bien : le test n’a pas fonctionné. Je retourne à la voiture, pose mes mains sur le volant et prend une profonde inspiration. Est ce un signe du destin ? Je réessayerai demain.

Le lendemain, je profite de la pause déjeuner pour acheter un nouveau test mais cette fois je décide de le cacher au fond du sac et de le garder pour le lendemain matin puisqu’ils conseillent d’attendre les premières urines. Je n’en parle, évidemment, à personne.

Ce n’est pas la première fois depuis que nous sommes ensemble que j’ai ce genre de pratique. J’ai déjà eu peur, j’ai déjà fait des tests sur des bouts de plastique. Je connais cette angoisse, celle qu’un deuxième trait apparaisse. Et en même temps , à chaque fois que la case restait vide, absence de trait, j’éprouvais un léger pincement au coeur. Petit déception.

Le moment est arrivé. Il est 6h du matin. J’ai très peu dormi cette nuit , mes pensées se laissaient aller à des suppositions inquiétantes. Je m’enferme dans les toilettes et déballe le second test. J’attend le nombre de minutes préconisées. Je reste assise sur les toilettes, évitant à tout prix de regarder le résultat. Quand le temps me paraît être écoulé , je pose mes yeux sur ce bout de plastique au capuchon violet. Il est là. Mon cœur s’arrête ou s’emballe, je ne fais plus la différence. Il est là, le deuxième trait. Il est apparu.

Lundi

3 avril 2017 § 2 Commentaires

3 avril

La jalousie amoureuse est elle un sentiment légitime  ? 

Mène-t-elle à autre chose qu’une éminente destruction  ?

Je veux d’aventures une vie plus saine émotionellement que celle qui m’incombe jusqu’à maintenant. 

Où suis-je ?

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